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Hurluberluesque et tendre pépin de pomme

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Hurluberluesque et tendre pépin de pomme Empty Hurluberluesque et tendre pépin de pomme

Message par Lèna Jeu 5 Nov - 12:19

Johnny Pépin de Pomme - Johnny Appleseed - Johnatan Capman
Héros Légendaire
Pionnier de l'Ecologie et du Développement Durable

[(Extrait de l’anthologie « 75 Aventures vécues ».
(c)Librairie GRÜND Paris 1953.)
Texte de W.D. Haley traduit par René Poirier transcrit par YG.
(Héros du “Far West” folklore américain.
Individu ayant réellement existé.)]

La première trace certaine de notre héros le découvre dans le territoire de l’Ohio en 1801, accompagnant une mule chargée d’un sac de pépins de pommes qu’il plantait ça et là aux environs des rives de Licking Creek, et dont il tirait la substance d’un verger créé par lui dans la ferme de l’un de ses amis de l’Ohio.

Pendant les cinq années suivantes bien qu’il dû probablement continuer son étrange occupation nous ne possédons sur lui aucun renseignement, jusqu’à un beau jour du printemps de 1806, où nous le rencontrons dans un bizarre chargement qui descendait doucement le courant de l’Ohio. C’était Johnny Pépins-de-Pomme, dont le véritable nom, Johnathan Chapman, était moins connu dans chacune des cabanes de bois qui s’essaimaient jusqu’aux lacs parmi les prairies de l’Ohio et de l’Indiana. Avec deux canoës amarrés en flèche, l’un portant Johnny, l’autre des monceaux de pépins, que notre apôtre des pommiers semait chez qui le voulait bien. C’était un long et fastidieux voyage, car il prenait juste le temps de tracer un semblant de verger dans un endroit approprié et d’y enfouir rapidement ses pépins qui poussaient par la grâce de Dieu.

Tels sont les premières actions connues de l’histoire de Jonathan Chapman qui naquit probablement à Boston en 1775. Il avait donc, lorsqu’il apparut à Licking Creek, vingt six ans environ. Sans être véritablement sauvage, il se confiait peu volontiers, et pour cette raison on ne sait pratiquement rien de sa jeunesse. Il ne trouvait la paix de l’âme que par d’incessants voyages, motivés par cette monomanie bienfaisante de planter des pommiers de loin en loin au gré de sa fantaisie, et au mieux des lois arboricoles.

Mais il abandonna bientôt ses canoës pour la marche à pied en chargeant sur son dos ses sacs gonflés de pépins ; mais les sacs de jute étant malgré tout assez fragiles, il se fit confectionner des sacoches en cuir, portées en bandoulière ou à dos de cheval, selon les régions traversées qui s’étendaient parfois sur près de trois cent kilomètres.

Ces territoires maintenant très peuplés, possèdent une beauté que les chemins de fer et les cités fourmilières n’ont pas encore entamée : forêts touffues ou vertes vallées, parcourues d’innombrables torrents sur les bords desquels Johnny se construisait une cabane où il vivait en véritable solitaire. Il ne l’était pas d’ailleurs tout à fait, car le pays était aussi fréquenté par des ours, des loups, des cerfs et des cochons sauvages aussi féroces que des bêtes de proie. Dans les hautes herbes, les serpents venimeux étaient si nombreux qu’on cite un pionnier qui en fauchant sa prairie, détruisit plus de deux cent serpents à sonnette dans une seule saison. Encore fallait-il ajouter à cette solitude dangereuse quelques quarterons d’Indiens plus ou moins hostiles qui vagabondaient ça et là. Mais Pépins-de-Pomme se souciait assez peu de ces contingences ; sans mocassins, pieds nus, il posait son sac dans un coin, combinant le pittoresque et la fertilité du sol, enterrait ses pépins, fermait la future pépinière d’une légère clôture et repartait plus loin.

... Et les pépins s’enflaient pour devenir de jolis plants qui s’épanouissaient au printemps. Alors les colons des alentours les déterraient et les transportaient à leur destination définitive, autour des maisons et parmi les prairies.

Johnny était aussi poète, car les sites de ses naissants vergers étaient parmi les plus pittoresques et les plus romantiques ; tantôt c’était la berge abritée d’une rivière au lit limoneux, tantôt une clairière ensoleillée, mais protégée de grands arbres qui entretenaient l’humidité du sol. Poète, on le voit, mais fin jardinier !

Physiquement, Chapman était petit, sec, et d’une activité incessante. Il avait de longs cheveux noirs, une barbe peu abondante jamais rasée, avec des yeux noirs pétillant d’une lueur particulière. Son accoutrement était des plus bizarres ; généralement, même par temps rigoureux, il allait pieds nus, mais pour de longues et rudes randonnées, il fabriquait lui-même de grossières sandales d’herbes sèches ; il chaussait quelquefois des mocassins dépareillés qu’il trouvait ça et là ou qu’on voulait bien lui donner, n’ayant même pas l’idée d’acheter des souliers neufs ; bien que, comme on le verra, il n’ait jamais manqué d’argent. Cependant, par un hiver très rude, un pionnier de ses amis réussit à lui faire accepter une paire de chaussures trop petites pour lui, disant que c’était péché que de marcher pieds nus dans la neige et la boue. Quelque temps après le généreux donateur rencontra notre Johnny, à moitié gelé et sans soulier, qui les avait « oubliés » disait-il, dans les pieds d’un pauvre Indien allant tendre ses pièges.

Quand à son costume, il se composait de n’importe quoi qu’on voulait bien lui donner en échange de ses pommiers. Cependant, il le trouvait encore trop luxueux et, dans ses dernières années, il préférait s’abriter dans un vieux sac à cage qu’il avait percé de trous pour la tête et les deux bras, expliquant que c’était ce qu’il avait trouvé de mieux à porter par tout les temps. Il avait les mêmes goûts bizarres en matière de chapeau et se coiffait de la casserole rouillée qui servait à cuire ses maigres aliments ; mais l’été pour se protéger du soleil, il portait volontiers un cône de carton avec une visière ajustée par quelques ficelles.

Il vagabondait perpétuellement ainsi vêtu à travers forêts et marais, ne faisant que de rares et courtes apparitions dans les villages des Indiens et des Blancs. Mais il y avait tant de bonté dans son comportement et de pittoresque dans son langage que, malgré son allure hétéroclite, il était traité par les rudes pionniers avec le plus grand respect et les enfants eux-mêmes s’abstenaient de la moindre raillerie. Avec les jeunes gens et les jeunes filles, il restait assez distant, mais pour les fillettes, il avait toujours dans ses poches quelques morceaux d’étoffes et de bouts de ruban. Quand il consentait à manger chez de pauvres hôtes, il ne s’assaillait jamais à table sans s’assurer qu’il y avait largement de la nourriture pour les enfants, à qui il offrait une tendresse sans réticence.

Les Indiens traitaient aussi Johnny avec la plus grande bonté. Pour ces hommes rudes et courageux, il était regardé comme un grand « homme -Médecine », ou si l’on veut, un sorcier bienfaisant, à cause de son allure étrange, ses actions excentriques et aussi spécialement pour le courage avec lequel il pouvait endurer toutes sortes de souffrances, comme par exemple, de s’enfoncer sans douleur apparente, des aiguilles et des épingles dans la chair. Sa sensibilité paraissait complètement émoussée par sa manière de cautériser au fer rouge les ulcères et les plaies conséquences de ses marches à pieds nus parmi les ronces et les épines.

La nourriture de Johnny était aussi pauvre que son accoutrement. Il croyait sincèrement que c’était un péché de tuer un animal pour s’en nourrir, et pensait que le sol suffisait largement à la nourriture de l’homme. Il s’opposait vivement à tout gaspillage de nourriture, et on le vit souvent s’approchant des cabanes auprès desquelles vaquaient des cochons, repêcher quelques reliefs abandonnés dans leur auge. Il disait à la maîtresse de maison qui lui exprimait sa surprise « que rien de ce qui était destiné à la nourriture de l’homme ne devait être mesuré. »

La plantation des pommiers était, disait-il, « la seule voie propre de sa Vie ». Il décrivait volontiers la croissance et la maturité des fruits comme l’un des plus beaux tableaux due à la magnificence du Très-haut. Mais il dénonçait aussi comme d’une méchanceté absolue tout travail de taille et de greffe, et parlait de la destruction d’un arbre comme d’une cruauté infligée à un être vivant.

Il fut aussi l’un des premiers à enseigner l’Amour des animaux. Quand Johnny voyait une bête maltraitée ou en entendait parler, il l’achetait à son mauvais maître et en faisait cadeau à quelque colon plus humain, à condition qu’il la traitât convenablement.

Il arrivait souvent qu’au cours de longs voyages dans la prairie, les pionniers fussent encombrés de chevaux malades ou estropiés, destinés le plus souvent à être abandonnés et à mourir sur place. Alors Johnny recueillait les pauvres animaux, les rassemblait dans une pâture fertile et leur construisait un abri. Il ne revendait jamais ceux qu’il parvenait ainsi à sauver et qui redevenaient capable de travailler ; il les prêtait alors ou les donnait à quelqu’un de confiance. Ce respect ne se manifestait pas seulement dans les plus hautes formes de la vie animale, mais dans les plus infimes, car il disait que tout les êtres, quels qu’il soient, sont d’essence divine, et que leur destruction volontaire est une offense à un atome de la Divinité. De même pour les insectes et les plus vils reptiles, car chaque fois qu’il détruisait un serpent venimeux, ce n’était jamais sans un amer regret. Il avait choisi un jour, dans une petite prairie, un endroit favorable pour y établir une nouvelle pépinière et, afin de bien préparer le terrain, en fauchait les grandes herbes à larges traits, quand il fut piqué par un crotale. Il soupirait toujours longuement en racontant cette aventure : « Pauvre animal, disait-il, il m’effleura seulement quand, par un geste impie, je l’écrasai du talon de ma faux ; quelques jours après, je revins et le vis mort ; cela me fit une peine incroyable ! »

Les nombreuses anecdotes sur le respect qu’il vouait aux êtres vivants sont encore dans le répertoire des souvenirs de colons de l’époque. Une fois qu’il campait dehors par une fraîche nuit d’automne, il fit un feu auprès duquel il avait l’intention de s’endormir, mais il remarqua que la lueur de la flamme attirait des nuées de moustiques risquant de se brûler les ailes. Alors, il répandit immédiatement de l’eau sur le bûcher, disant pour sa défense « que Dieu lui défendait de construire un feu, si pour son propre confort, il était la cause de la destruction de quelques-unes de ses créatures ». On raconte une autre fois qu’il s’étendit dans la neige auprès d’une souche creuse parce qu’il s’était aperçu que l’arbre abritait une ourse et ses petits. Une telle répugnance à infliger la mort aux animaux, même quand il souffrait à cause d’eux est grandement imagée par l’histoire que voici. Johnny, ayant aidé des pionniers à construire une route à travers un grand taillis, ceux-ci, au cours de leur travail, détruisirent accidentellement un nid de frelons ; l’un d’eux se réfugia dans la veste-sac à café de Pépins-de-Pomme et le piqua cruellement ; celui-ci prit alors l’insecte par le corselet et le mit dehors avec beaucoup de ménagement. Et, comme ses compagnons se moquaient de lui en lui demandant pourquoi il ne l’avait pas tué, Johnny leur répliqua gravement « qu’il n’avait pas le droit de tuer cette pauvre « chose », qui n’eut certainement jamais l’intention de lui faire du mal ».


A la fin de sa Vie, il se retira au nord dans l’Indiana où, pendant neuf ans encore il poursuivit son étrange et magnifique mission. A la veille de sa mort, il avait, durant presque un demi-siècle, planté des pommiers sur 250.000 km2 des plus sauvages territoires des États-Unis, soit prés de la moitié de la surface de la France !

Au matin, on le trouva avec la figure toute blanche, sans chaleur et comme illuminée. Le médecin appelé aussitôt ; le trouva mourant, mais ajouta qu’il n’avait jamais vu un visage aussi placide aux approches du trépas. A soixante-douze ans, il mûrissait dans la mort aussi naturellement que ses pépins se transformaient successivement en fibres, en fleurs et en fruits mûrs.

Ainsi s’éteignit l’un des plus mémorables hommes du temps des pionniers, qui ne maltraita jamais une créature, ni ne se connut un seul ennemi. L’histoire de cette Vie, aussi simplement racontée qu’elle puisse l’être, sera une preuve éternelle que le véritable héroïsme, la pure bienveillance, les nobles vertus et les actions qui servent à l’immortalité, peuvent être trouvés sous la plus simple des vêtures, loin des palais dorés, et des flèches des cathédrales.
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